miércoles, 12 de noviembre de 2014

Les grands noms de la linguistique énonciative

Benveniste
Les deux articles les plus considérables sont :« La nature des pronoms » (1956) dans lesquels il pose les jalons de l'énonciation sans la nommer
« L'appareil formel de l'énonciation » (1970) où il explique les fondements de l'énonciation en connaissance de cause.
Benveniste se réclame du structuralisme de Saussure et rend hommage à Roman Jakobson. Il remet en question la dichotomie langue/parole, opposition introduite de façon opératoire par Saussure.
« Rien n'est dans la langue qui n'ait d'abord été dans le discours ».
On lui reproche de mélanger l'activité de langage et le monde.
L'une des questions qu'il se pose préalablement est : Quel est le signifié de « je » dont le référent varie en fonction du locuteur, instance de discours ? Certaines formes ne sont pas aussi stables que « table » :
Emmène-moi ailleurs.
Demain, on rase gratis
Passe-moi ce livre (accompagné d'une monstration) deixis. (je, ici, maintenant)
Ces même remarques peuvent s'appliquer au verbe aller/venir à l'aspect passé composé : « Il est arrivé »

Ducrot
S'inspire des philosophes du langage Austin et Searle. Il montre l'importance de la situation discursive et de la pragmatique. Il intègre la composante pragmatique à la sémantique. On peut dire qu'il relève d'un structuralisme divergent. On ne peut pas décrire les énoncés sans faire référence aux conditions énonciatives.Il pose l'existence d'un énoncé, noyau sémantique stable pouvant diverger selon les conditions d'énonciation.
forces locutoire, illocutoire, effet perlocutoire.
« qu'est-ce que tu fabriques ? » = « arrête de faire ce que tu fais ».
« justement »
« décidément »
Ducrot s'intéresse aussi à l'implicite (ce qui est dit sans dire) :

- les présupposés Jacques continue de fumer (présuppose que Jacques fumait avant)

- les sous-entendusIl ne déteste pas le vin (sous-entend « il aime beaucoup le vin »)
Les présupposés sont indéniables mais on peut nier avoir fait un sous-entendu.

Culioli
Quant à lui est plus dans la mouvance de Benveniste même s'il s'inspire d'une philosophie stoïcienne, basée sur les processus et les changements d'états. On s'intéresse plus au dicible (lekton traduit en latin par dictum) qu'au dit. (Curieusement, il se rapproche en cela de Saussure et de Chomsky)Il existe pour chaque énonciateur un faisceau de propriétés physico-culturelles (physique ou social)
La Notion est prédicative et modalisable.
C'est le monde de l'Instabilité
Les mots sont des capteurs de l'organisation du monde.
Le Domaine notionnel est déformable.
ex. Pour moi, ce n'est pas un chien, c'est une saucisse sur pattes









L'énonciation, une idée française

Émile Benveniste (1902-1976), élève d’Antoine Meillet, a enseigné à l’École pratique des hautes études, puis, à partir de 1937, au Collège de France. Spécialiste de la grammaire des langues indo-européennes, B
enveniste devient ensuite un théoricien qui, loin de tout formalisme, cherche à comprendre comment se produit le sens dans le discours ordinaire. Son approche reste structuraliste, mais il s’agit pour lui de sortir de l’analyse des règles de la langue pour prendre en compte les situations, les personnes qui parlent, bref ce que les Anglo-Saxons appellent « performance ». Pour cela, Benveniste travaille à distinguer le « discours », ou le « texte », de la « phrase ». Un discours n’est pas une superphrase, c’est un « énoncé » et un énoncé a un auteur : quelqu’un parle. C’est ainsi que Benveniste pose les bases d’une nouvelle linguistique, celle de l’« énonciation » qui, par exemple, va s’intéresser de près au jeu des pronoms, des démonstratifs, des marques temporelles. Ces mots ont en commun de dépendre d’un « sujet » énonciateur : le contenu du pronom « je » dépend de qui le prononce et comment il le fait ; le contenu du mot « demain » dépend du jour où l’énonciateur parle, etc.
Encore une fois, ce développement se produit aussi en Angleterre, dans la philosophie du langage de John Austin. Mais Benveniste ne lui doit rien. Cette sensibilité aux faits contextuels, volontairement négligés par la linguistique saussurienne et par tous les formalistes ultérieurs, vaudra à Benveniste de dialoguer avec les anthropologues (il fonde la revue L’Homme avec Claude Lévi-Strauss), ainsi qu’avec les philosophes et les historiens des sociétés anciennes. « Le discours, écrit-il,c’est le langage mis en action. » Benveniste est à l’origine de la création d’une école d’analyse du discours encore très active en France en 2007.
Nicolas Journet

La situation d'énonciation: énoncé rattachés et énoncé détachés


Termes que nous devons savoir...

La situation d’énonciation, responsable directe de la production de l’énoncé, lui fait réfléchir sa propre activité énonciative c’est-à-dire montrer les protagonistes et les circonstances de sa 
production. 

La situation de communication définit le contexte empirique, physique et social dans lequel a lieu l’énonciation. Ce terme implique un point de  vue socio-discursif sur l’énonciation et implique plusieurs paramètres, tels: une finalité, les statuts des partenaires, les circonstances appropriées, l’inscription dans la temporalité, un support de transmission du message, un plan de texte, un certain usage de la langue. 

Le locuteur se définit comme l’auteur de l’acte de parole, le sujet parlant effectif qui produit matériellement l’énoncé. Il peut parler pour son propre compte, être donc à l’origine de l’énonciation ou bien rapporter les paroles de quelqu’un d’autre, en être un porte-parole. Il peut aussi être «une personne réelle ou fictive, un groupe quelconque plus ou moins défini, la sagesse des nations, l’opinion publique,le ‘on’.»concept part d’une situation de parole et s’appuie 
sur le fait que toute situation de parole fait intervenir des interlocuteurs: le locuteur et l’allocutaire [26, p. 144] Le locuteur a l’initiative de la parole et tant qu’il la garde, il garde aussi l’initiative dans le dialogue. C’est un avantage net par rapport au destinataire car cela lui permet d’orienter le cours du dialogue, de choisir ce qui est à dire, la façon dont il faut le dire, etc

L’énonciateur se définit comme celui à qui est attribuée l’énonciation de l’énoncé [26, p. 144], celui à qui revient la responsabilité intégrale du message [3, p. 91] Ce terme se réfère plus directement à l’opposition mise en place entre énoncé et énonciation. [26, p. 144] Dans la plupart des cas, le locuteur effectif s’identifie à l’énonciateur et alors la double référence du déictique je ne soulève plus aucun problème. Mais il y a des cas où l’emploi de je par le locuteur ne renvoie pas à soi-même, mais à quelqu’un d’autre qui peut être même le destinataire

Co-énonciateur veut mettre en évidence la position d’égalité de l’autre, qui est censé remplir le même rôle que l’énonciateur. [38, p. 2] Même si la linguistique de l’énonciation, après Benveniste, essaie de changer de perspective,en s’orientant vers le statut de l’allocutaire et sa contribution au procès d’énonciation et reconnaît que les deux protagonistes sont «également nécessaires», le locuteur ne cesse de rester le point origine, la source de l’énonciation et de l’allocutaire. Le procès d’énonciation reste une activité orientéed’une source vers un but

L’énoncé La définition classique envisage l’énoncé comme le produit de l’acte d’énonciation


martes, 11 de noviembre de 2014

L’énonciation discursive

L’énonciation discursive se construit autour 
et à partir du présent de l’énonciation qui est aussi le 
moment de l’événement dénoté. Elle recouvre «tousles genres où quelqu’un s’adresse à quelqu’un, s’énonce comme locuteur et organise ce qu’il dit 
dans la catégorie de la personne.» [5, p. 237-245]. 
L"énonciation discursive  emploie toutes les personnes en marquant l’opposition je-tu / il et les temps présent, futur Le passé composé est le correspondant 
du passé simple (de l’aoriste) sur le plan du discours, il «établit un lien vivant entre l’événement passé et le présent où son énonciation trouve place. C’est le temps de celui qui relate des faits en témoin, en participant.» [id.] Le parfait (passé 
composé) rattache l’événement au présent de l’énonciation qui lui sert de repère.


La différence entre les deux types d’énonciation s’appuie sur leur rapport particulier au locuteur et au moment de l’énonciation sans aucune influence des genres discursifs. Les deux formes peuvent se manifester à l’écrit aussi bien qu’à 
l’oral. 

L’énonciation historique

L’énonciation historique a pour point de départ temporel un événement –repère, accompli dans un moment différent du présent de l’énonciation: «En mai 1796, trois jours après l’entrée des Français, un jeune peintre en miniature, un peu fou,nommé Gros, célèbre depuis, et qui étaitvenu avec l’armée, entendant raconter au grand café des Servi (à la mode alors) les exploits de l’archiduc,…..., prit la liste des glaces imprimée sur une feuille de vilain papier jaune.» (STENDHAL, Le chartreuse de Parme) Elle se caractérise par l’absence de l’intervention du locuteur dans le récit et par l’emploi de la 3e personne, à l’exclusion des personnes de l’énonciation, je-tu. Les temps  verbaux propres sont le passé simple, l’imparfait, le plus-que-parfait et, aussi, un futur périphrastique à valeur prospective (César devait mourir peu après) ou un présent intemporel. Le temps fondamental est le passé simple (ou l’aoriste) dont le repère est l’événement rapporté lui- même. 

l"Enonciation s’agit ...

Il s’agit des :

_Les indices de personne 
_Les indices temporels

Les indices de personne renvoient à  l’instance du discours où ils sont produits
  Il s’agit du couple je-tu, opposé à il. Je désigne «la personne  qui énonce la présente instance du discours contenant je.» Tu désigne «celui que je pose  comme l’individu à qui il s’adresse dans la présente  instance du discours». Je et tu n’ont pas d’existence en dehors de la parole qui les profère
: «…je se réfère à l’acte de discours individuel où il est prononcé, et il en désigne le locuteur. …ne peut être identifié que dans …une instance de discours et qui n’a de référence qu’actuelle. La réalité à laquelle il renvoie est la réalité du discours. C’est dans l’instance de discours où je désigne le locuteur que celui-ci s’énonce comme ‘sujet’.» [5, p. 262] «..Je n’emploie je qu’en m’adressant à quelqu’un qui sera dans mon allocution un tu. C’est cette condition du dialogue qui est constitutive de la personne, car elle implique en réciprocité que je deviens tu  dans l’allocution de celui qui à son tour se désigne par je…Le langage n’est possible que parce que chaque locuteur se pose comme je dans son discours. De ce fait, je pose une autre personne, celle qui, toute extérieure qu’elle est à moi»devient mon écho auquel je dis tu et qui me dit tu.» [id. p. 260] Pour Benveniste, «les pronoms personnels sont le premier point d’appui pour cette mise au jour de la subjectivité dans le langage» [id. p. 262] qui signifie en fait l’affirmation de la présence du locuteur. A la différence de je et tu, il est la marque de la non-personne. Il appartient à la syntaxe de la langue et représente un invariant non personnel, défini par son absence de la situation d’énonciation. 

Son fonctionnement langagier et linguistique est différent de celui de je-tu: tandis que ces derniers n’ont de valeur qu’en relation avec l’énonciation, il reçoit des valeurs de ses relations avec d’autres 
formes d’un texte. Il acquiert une valeur anaphorique, par exemple: J’ai rencontré Pierre. Il
voulait me parler.

Les indices temporels  sont, en premier lieu, les temps verbaux mais aussi, des mots d’autres classes capables d’identifier le moment de l’énonciation ou des événements dénotés. Les formes temporelles se déterminent par rapport au moment de l’énonciation. Le temps coïncident avec le moment de l’énonciation est le présent, défini par 
Benveniste comme «proprement la source du temps» parce que c’est par rapport à ce présent qu’on repère le passé et le futur:»….ce présent qui e déplace avec le progrès du discours…constitue le signe de partage entre deux autres moments qu’il 
engendre et qui sont également inhérents à l’exercice de la parole: le moment où l’événement n ‘est plus contemporain du discours, est sorti du présent, et doit être évoqué par un rappel mémoriel, et le moment où l’événement n’est pas encore  présent, va le devenir et surgit en prospection.» L’étude des relations entre les temps grammaticaux met en évidence que ces derniers «ne s’emploient pas comme les membres d’un système 
unique..» mais»…se distribuent en deux systèmes d’énonciation différents, l’histoire et le discours.»